L'idée n'est pas nouvelle puisque dès 1995, l'OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) proposait une définition du tourisme durable : un tourisme qui consiste à répondre aux besoins des touristes et à ceux des communautés d'accueil tout en protégeant l'environnement et en développant des opportunités pour le futur.
Selon la légende, Eve, chassée du Paradis, aurait choisi Menton pour y enterrer un citron en souvenir du Paradis perdu. De là, serait née la douceur de son climat ayant favorisé l'éclosion de tant de jardins.
Menton a la chance de disposer de nombreuses ressources touristiques naturelles. Entre mer et monts, le temps est clément et offre promenades, randonnées et baignades. De plus, nous avons hérité de magnifiques jardins, de quelques villas monumentales souvent créées par des écrivains, des peintres et autres humanistes qui aimaient vivre dans le Menton d'alors. Il y a encore peu de temps, une citation d'Elisée RECLUS nous accueillait à l'entrée da la ville : « Menton perle de la France ».
Des hôtels sont régulièrement transformés en appartements habités quelques semaines par an, la végétation luxuriante décrite par tant d'auteurs a été repoussée par le béton à l'exception de quelques jardins. Les citronneraies comme les chemins disparaissent peu à peu. Le bord de mer est en grande partie artificiel : digues, ports et plages alvéolaires ont remplacé le premier étage de la vie marine sur plus de 65 % de notre littoral.
Il y a un siècle l'activité touristique s'étalait toute l'année avec une fréquentation plus importante l'hiver. Actuellement, le tourisme se limite à quelques mois, surtout l'été. Certes les facteurs de cette évolution sont nombreux, économiques, sociaux, culturels mais aussi liés à l'évolution de l'offre faite aux touristes et à l'évolution du paysage mentonnais.
Un tourisme ponctuel, quelques mois de l'année, lié à une fête ou à la possibilité de baignade, met l'économie locale en flux tendu sur une courte période ce qui déséquilibre la vie locale et met en place des infrastructures (hébergement, routes stations d‘épurations…) exploitées de façon très irrégulières. Ce type de tourisme oblige l'économie locale, l'environnement, la vie des mentonnais à s'adapter à sa demande. Il est en grande partie à l'origine de la disparition de l'agriculture identitaire prônée par la CARF et va à l'encontre des propositions de l'OMT citées plus haut.
Le tourisme ne se développe que dans un environnement attractif. Rares sont ceux qui vont passer un mois en haut d'un terril dans le nord mais les zones naturelles protégées attirent de plus en plus de monde. Sur les sites WEB, sur la vidéo du site de la ville par exemple, ou sur les dépliants touristiques présentant Menton, on voit très peu la baie de Garavan, bétonnée à l'extrême avec cet immense dortoir à bateaux qu'est le nouveau port, très peu la ceinture de béton qui longe la côte mais on met en avant le Vieux Menton, des fleurs, des jardins, de la verdure.
Sur le site du ministère du tourisme on trouve entre autre cette phrase : « Un développement durable s'efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». Essayons de l'appliquer au Mentonnais.
Les publicités immobilières vantent le soleil et la mer tout en étant à la recherche d'un bénéfice immédiat sur des terrains souvent complantés de végétation. Petit à petit, tout notre environnement se transforme en béton ! Que laissera-t-on aux générations futures ? Un terrain destiné à recevoir des camping-cars, des tentes, un parcours de santé, un centre équestre peuvent-être recyclé en zone naturelle, pas un immeuble en béton.
En haut de la vallée du Borrigo avant les travaux la végétation est exubérante. | Les travaux sont en cours, la zone est pourtant dite à urbanisation discontinue ! |
Les chemins s'inscrivent dans une logique de développement durable du tourisme : en offrant une alternative ou un complément au tourisme balnéaire, en favorisant l'utilisation de modes de transports non polluants, en valorisant le patrimoine traversé. Pourquoi ne peut encourager des circuits courts, à thèmes ? De simples plaquettes, alliant éducation à l'environnement et informations sur les sites pourraient proposer des boucles d'une heure ou deux ou des circuits combinant marche et retour par des transports collectifs.
Par exemple, un dépliant pourrait proposer une boucle au départ de la fontaine Hambury. La première montée emprunte le début du chemin du Peyronnet, on parcourt le boulevard de Garavan, on redescend par l'avenue Katerine Mansfield ou le chemin des pâquerettes. Une bonne heure de marche, plein de passages à l'ombre d'espèces parfois rares, pleins de jardins et de villas, et tout un passé qui pourrait être présenté sur quelques feuilles.
La promenade Lecorbusier est très fréquentée mais qui connait l'histoire des villas qui la bordent et les types de végétaux que l'on y rencontre. Moyennant la réouverture de cet escalier entre deux villas il serait possible de proposer une boucle de quelques heures.
La fréquentation des boulodromes est très forte, ce sont des espaces occupés régulièrement par les gens d'ici mais qui, surement, attireraient les résidents ponctuels s'ils étaient plus nombreux. Un parcours de santé (il doit y en avoir un à Monti !) serait aussi une occupation du sol au bénéfice de tous, tout en le préservant pour les générations futures.
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